Fespaco: première mondiale pour "Katanga business"

OUAGADOUGOU (AFP) — Souvent présenté comme "scandale géologique du monde", la République démocratique du Congo (RDC), est le sujet de "Katanga business" du réalisateur belge Thierry Michel, à l'affiche de la 21e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). 

Dans "Katanga business", c'est l'économie de la RDC qui préoccupe l'auteur de "Mobutu, roi du Zaïre" (2001) et "Congo river" (2005), avec l'arrivée d'entreprises chinoises dépossédant des milliers d'habitants des exploitations minières du pays. 

L'action se déroule à Katanga, "la plus riche province minière de la RDC et d'Afrique", où se dessinent à coups de milliards de dollars américains les nouveaux rapports économiques dans le monde, notamment entre Européens et Chinois. 

"On a saisi l'économie mondiale au coeur du Katanga, la province qui regorge de ressources minières stratégiques indispensables au développement des économies occidentales et asiatiques, où se passe une guerre économique sans merci entre les grandes multinationales, mais aussi entre les différentes sphères du monde asiatique, nord-américain et une guerre sociale pour les Africains qui essaient d'avoir (...) un peu de royalties, d'usufruit de la terre de leurs ancêtres", a commenté l'auteur après la projection. 

Les personnages apparaissant dans ce documentaire semblent être des acteurs professionnels. Parmi ces "stars" involontaires, Georges Forrest, surnommé "le vice-roi", véritable patriarche de l'industrie minière katangaise où son père est installé depuis 1922. Il est un des plus gros employeurs du pays, 80.000 personnes en moyenne. 

A côté de lui, le nouvel arrivé, un ancien avocat canadien, Paul Fortin. Nommé en 2005 par le président Joseph Kabila, administrateur-directeur général, il est chargé de sauver la Gécamines, une entreprise publique exploitant cobalt, cuivre, zinc, qui se trouve au bord de la faillite. 

Peu satisfait par ces partenariats canadiens et britanniques, il se tourne vers la Chine. 

M. Min, "l'homme qui vaut 17 milliards de dollars" (près de 13,5 milliards d'euros), ainsi que l'appelle l'auteur du documentaire devant l'AFP, est le patron chinois qui reprend la Gécamines. 

Il promet d'investir 9 milliards de dollars (plus de 7 milliards d'euros) dans la société en berne depuis l'ère mobutiste. Il annonce aussi un vaste projet de reconstruction de 1.800 km de routes et de chemins de fer pour relier le Katanga à la mer. 

Le Chinois promet aussi écoles et hôpitaux. Mais le documentaire montre aussi des ouvriers de la Gécamines réclamant plusieurs mois d'arriérés de salaires et qui se déclarent peu convaincus des promesses chinoises. 

Pour finir, le réalisateur présente le Congolais Moïse Katumbi, ancien homme d'affaires, devenu gouverneur du Katanga. 

Après avoir fait fortune dans l'industrie minière, M. Katumbi a acheté le grand club de football du pays, Mazembé et créé sa propre chaîne de télévision. 

Populaire, charismatique mais aussi populiste, il est pris entre le marteau et l'enclume. 

Tantôt il est du côté des investisseurs pour la reconstruction économique de sa province, tantôt avec les milliers de ses compatriotes "creuseurs", qui veulent vivre des richesses de leurs terres. 

"Katanga business" sera projeté dans les "prochaines semaines" dans les salles françaises et belges.

AFP - 4 mars 2009

 

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